Bien formé dans un environnement difficile
Que ce soit pour le premier ou le deuxième, pour un long ou un court cycle, ils sont des centaines de Burkinabè résidant à Dakar au Sénégal dans le but de poursuivre des études. Entre études de qualité et nouvelles contraintes du pays d’accueil, le quotidien de ces étudiants est fait de nombreuses contraintes. Néanmoins ils parviennent à trouver les moyens de tirer leur épingle du jeu.
“Dakar est chère”, un fait. Mais un refrain pour les étudiants Burkinabè qui y résident. Une formule qui résume “la galère” dans laquelle ils évoluent dans le cadre de leurs études.
Entre la solitude, un emploi du temps chargé et les difficultés financières, beaucoup finissent par s’adapter avec les années. « Ça n’a pas été facile », nous martèle Fortunatus Ouédraogo, étudiant en année de thèse en pharmacie. Il prend son souffle, un sourire avant de continuer « surtout au début avec la séparation avec les parents, le nouvel entourage, les nouvelles habitudes qu’il faut adopter… »
Adopter de nouvelles habitudes pour finir par s’adapter à la vie de Dakar est donc un impératif. Pour Fortunatus, la première des difficultés a consisté à s’organiser car « déjà étant garçon, tu ne sais pas faire la cuisine. Quand tu rentres des cours, tu ne sais pas quoi manger, il faut que tu ailles acheter à manger et à un moment la poche souffre » poursuit-il.
Mais si l’adaptation semble être un gros problème, l’organisation personnelle demeure un défi pas des moindres. En effet, passer du lycée où les parents gardent un œil sur les notes et l’organisation, à l’université qui plus est, à des milliers de kilomètres des parents entraîne des retards dans les révisions et une accumulation des cours.
Il était temps de se mettre dans le bain
Cherté de la vie, principalement pour le loyer (une chambre pouvant coûter jusqu’à 70 000 FCFA/mois) ou encore difficulté à se déplacer aisément comme à Ouagadougou, les premiers instants de leur séjour à Dakar est un véritable casse-tête pour les étudiants Burkinabè. Mais à sa troisième année au pays de la Teranga, Fortunatus devait créer son nouveau biotope. “Je me suis dit, c’est vrai que c’est difficile, mais il faut travailler à être à l’aise.” La première étape a été de se le dire en face: “tu n’es plus chez toi, tu ne dois plus t’attendre à voir les choses comme elles auraient été dans ton pays et c’est en ce moment-là que tu vois que ta vie commence à être simple.”
Si pour Fortunatus il a fallu trois ans pour se sentir bien à Dakar, Aude Liliou, étudiante en deuxième année management, s’est sentie à l’aise dès les premiers mois. « Je connaissais quelques Burkinabè ici, ces personnes m’ont permis d’intégrer la communauté et j’ai eu la chance de faire partie du bureau exécutif de la FEFAS (Ndlr : Fédération des étudiants du Faso au Sénégal) » nous confie-t-elle.
Au-delà des difficultés, une offre de formation qui répond aux attentes
Ayant passé deux années en France dans le cadre des études, mais contrainte de revenir en Afrique pour des raisons de santé, Aude estime que l’offre de formation au Sénégal a de quoi combler ses attentes. Pour elle, « l’offre à l’école est très bien, les enseignants le sont aussi. Ils parlent plus en termes de développement personnel avant de parler de travail, on te permet de te connaître toi-même, connaître tes limites et savoir ce que tu peux faire avant de t’orienter. » Et si avec les années, le nombre d’arrivées de Burkinabè au Sénégal continue de grimper, l’on conviendra que ces étudiants en grande majorité y trouvent des offres de formation complètes et en parfaite adéquation avec ce à quoi ils s’attendaient.
Faire bloc pour mieux vivre
Beaucoup le diront, leur intégration à Dakar n’a pas été le seul fait d’un travail psychologique. Dans bien de cas, elle a été facilitée par la vie en communauté. Pour Fortunatus, “la communauté a été d’un très grand apport”, certains membres lui ayant été d’une quelconque aide à un des moments où il en avait besoin.
Cette solidarité de la communauté est concrétisée par l’existence de la FEFAS (la Fédération des étudiants du Faso au Sénégal) dont le rôle nous est expliqué par Élisée Kambou, précédemment président de l’association : “Au niveau de la fédération, notre rôle est de créer un cadre de concertation pour les étudiants et aussi de créer une plateforme où l’on peut recevoir et régler les problèmes des étudiants.”
La FEFAS joue principalement un rôle d’interlocuteur entre les étudiants et l’ambassade du Burkina Faso au Sénégal et aussi entre ces étudiants et le gouvernement Burkinabè.
Ce rôle d’intermédiaire de la FEFAS porte le plus souvent sur des problèmes liés au versement des bourses pour les étudiants boursiers. “Il y a beaucoup d’étudiants boursiers, mais souvent les bourses arrivent en retard, ce qui les met dans des difficultés” explique Élisée Kambou.
Pour les non-boursiers, la fédération vient en appui à ceux qui accusent un retard dans le paiement de leur loyer. Ces derniers reçoivent une avance qu’ils remboursent dès que possible.
Et pour chaque étudiant, parlant de la FEFAS, Élisée Kambou estime que “nous sommes la deuxième famille, mais la première famille ici au Sénégal.”
Cheick Omar