Recherches au Burkina Faso : les carnets secrets d’étudiants en recherche.

Les travaux de recherche sont un passage obligé pour tout e étudiant e de 2nd cycle et de troisième cycle. En dépit des obstacles structurels qui minent l’environnement de la recherche, nombre d’étudiants les surmontent pour décrocher leur parchemin. Mais ce n’est pas sans ‘’laisser des plumes’’. Soutenir un mémoire de master ou une thèse de doctorat est un véritable parcours du combattant. Entre la pauvreté des bibliothèques, les problèmes financiers et l’indisponibilité des encadreurs, l’aventure est digne d’un calvaire.

John est un nom d’emprunt d’un étudiant en recherche dans un des instituts de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Il a souhaité garder l’anonymat pour éviter d’éventuelles représailles sur la suite de ses travaux. Son parcours académique, il l’a fait dans les conditions connues de l’étudiant burkinabè. Après son master il décide d’embrasser la recherche en s’inscrivant en doctorat. Depuis lors il prépare son document sur un thème en rapport avec les sciences sociales.

Comme lui, Toussaint Zombré est un étudiant qui vient de soutenir sa thèse d’exercice en pharmacie, une recherche dite « opérationnelle ». Elle est différente de la recherche fondamentale pour devenir chercheur. Mais, il a fallu deux ans presque à ce désormais diplômé d’Etat en pharmacie pour se présenter devant le jury. Toussaint Zombre et John ont quelque chose en commun. C’est en homme averti qu’ils ont décidé de faire de la recherche. Les difficultés, ils les connaissent bien, à commencer par l’encadrement.

 

Toussaint ZOMBRE, Dr en pharmacie.

L’indisponibilité des enseignants comme obstacle à l’encadrement

Toussaint Zombré a soutenu sa thèse d’exercice il y a quelque temps. L’indisponibilité de son directeur de thèse était sa plus grande difficulté. En effet, ce dernier cumule plusieurs fonctions à l’Université et dans les formations hospitalières. Pour mieux étayer ses propos, il nous confie qu’il  avait la possibilité de soutenir en fin d’année 2019. Mais son Directeur se trouvait hors du pays. Ils ont alors décidé de commun accord du report de sa soutenance. C’est finalement en mai 2020 qu’il a reçu les félicitations du jury.

Quant à John, il est toujours confronté à cette difficulté. A cela s’ajoute la difficile collaboration avec son encadreur. En effet, une fois son thème validé, il a proposé un plan de travail suivant le canevas de l’Université. C’est à ce niveau que les problèmes ont commencé, car les canevas peuvent différer d’une école à l’autre et même d’un encadreur à l’autre.  Cette situation suscite de fois des incompréhensions entre étudiants et encadreurs, nous explique ce doctorant. Pour ce faire, John plaide pour une harmonisation des canevas de la recherche pour qu’ils soient assez clairs pour toutes et tous.

 

De plus, ce jeune doctorant regrette que les documents soient « pesés au kilogramme ». Pour dire qu’il est de coutume d’envoyer de gros document pour avoir les faveurs du jury. Ce qui peut amener l’étudiant à « divaguer ».

 

Internet comme alternative à la pauvreté des bibliothèques

 

L’autre casse-tête est lié à la pauvreté des bibliothèques. Il faut se contenter des documents en ligne, nous explique-t-il.  En effet, l’infrastructure documentaire ne répond toujours pas aux attentes des étudiants dans les différentes filières. John a dû faire face à cette difficulté avant de se rabattre sur internet. A défaut, il faut débourser des sommes importantes pour acheter les meilleurs documents. Mais encore faut-il avoir ces moyens financiers.

L’accompagnement des étudiants en recherche au Burkina Faso

Pour un étudiant lambda tel John, il doit travailler pour financer sa recherche. Responsable de famille, il est contraint de cumuler études et travail. Il résume son expérience en ces termes « Sois-tu te concentres sur ton document et ta famille en pâtit, soit tu te concentres sur ton travail et ton document en pâtit ». Pour ce qui est de Toussaint Zombré, son dynamisme lors de son stage lui a valu la confiance du responsable d’une pharmacie de la place. Voici maintenant trois ans qu’il officie comme pharmacien assistant.  Beaucoup d’autres comme lui et même des aînés n’ont pas eu cette chance. C’est avec ses économies qu’il a pu financer sa thèse d’exercice.

John et Toussaint Zombré affirment n’avoir pas bénéficié d’un accompagnement. Le Fond national pour l’éducation et la recherche (FONER) et le Centre d’information et d’orientation scolaire et professionnel et des bourses (CIOSPB), octroient des allocations. Mais, elles ne répondent pas au besoin de la recherche, affirment John. Du côté de Dr Zombré, c’est le même son de cloche. Pour lui, même s’il y a des aides adaptées à la recherche, l’information ne parvient pas aux personnes cibles. Ce qui a entrainé des décrochages de certains de ses promotionnaires et de ses aînés qui doivent survivre et faire de la recherche, dont la durée dépend des encadreurs.  Sans accompagnement financier certains ont préféré suspendre en attendant de pouvoir financer leur travail, nous raconte Dr Zombré.

Telle est la « galère » de certains cerveaux de la nation. Pour ce faire Dr Zombré, et John parient sur la motivation comme condition première à l’amélioration de la recherche comme levier du développement au Burkina Faso.

 

 Y.A.F

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