Il fait partie des jeunes qui se font une place au sein de cette grande famille des « Hommes de droit ». Avocat au barreau du Burkina Faso, Maître Dieudonné WILLY exerce sa profession depuis 2012. L’homme est guidé par un seul mot : « détermination ».
Grande est notre surprise lorsque nous sommes reçus par le jeune avocat dans les locaux du cabinet Sissili Conseil. Le bureau est de part et d’autre jonché de dossiers en sus de ceux aperçus dans cette pièce qui nous a servi de salle d’attente, signe qu’il ne figure dans ce cabinet, aucune place pour l’oisiveté. Son occupant nous confirme d’ailleurs avec une certaine modestie que la structure a connaissance d’une multitude d’affaires qu’il ne saurait dénombrer avec exactitude. Avocat depuis 8 ans, Me Dieudonné WILLY y intervient comme associé gérant lui qui au départ savait peu de choses sur la profession. Ce n’est qu’à son arrivée à l’université qu’il a découvert les métiers du droit et qu’il a été « séduit par le travail d’avocat ».
De la fonction publique au Barreau
Ainsi à sa sortie de l’université en 2007, la maîtrise de droit en poche, il a une idée arrêtée de l’orientation qu’il souhaite donner à sa carrière : « je me disais que je suis, soit avocat, soit magistrat ». Il est vite stoppé dans son élan car à cette époque, le concours d’avocat est suspendu, le dernier recrutement ayant été effectué en 2006. En 2008, il se présente alors au concours de la magistrature pour lequel il essuie un échec, tandis qu’il est reçu à trois concours d’entrée à la fonction publique. « Mais comme je tenais à ces métiers de droit, notamment, l’avocature et la magistrature, j’ai refusé d’aller commencer la formation », confie-t-il. Courant le risque de se faire remplacer et à la suite de pressions familiales, il s’engage néanmoins à l’Ecole nationale administration et de magistrature (ENAM), en ressort après deux ans de formation et commence son service en tant qu’inspecteur du travail et des lois sociales. Tout semble dès lors tracé pour lui, même si son rêve de devenir avocat reste intact et sa détermination encore plus grande. Ainsi, Me WILLY reste « aux aguets » d’une éventuelle opportunité. Celle-ci se présente finalement en 2011, date à laquelle le concours d’avocat fut relancé. « C’était vraiment une occasion pour moi d’essayer et ça marché ».
L’avocat des grandes sociétés
L’avocat qu’il est devenu intervient essentiellement en droit des affaires, matière à laquelle son cabinet se consacre. Le recouvrement, le conseil en banque et en assurance n’ont pas de secret pour lui. Il s’attèle à offrir satisfaction à ses clients composés de grandes sociétés, mû par cette caractéristique commune aux avocats « faire tout ce qu’il est possible pour obtenir le meilleur résultat à son client ». Il intervient néanmoins par moment et pour des raisons propres à lui en matière pénale comme ce fut le cas pour le procès du coup d’état de 2016 et pour lequel il en tire une certaine satisfaction. « Le dossier du coup d’état fait partie des dossiers que j’ai défendu avec la plus grande détermination dont je suis capable. A aucun moment, je n’ai eu l’impression que je devais faire quelque chose que je n’ai pas fait par négligence, par paresse », témoigne-t-il.
Défenseur de la cause des avocats
Me WILLY prend également fait et cause pour son corps de métier. Il est Président de l’Union des jeunes avocats du Burkina, par ailleurs Secrétaire exécutif de la conférence des jeunes avocats de l’Union économique et monétaire ouest africains. Et lorsque nous adoptons un ton provocateur, l’interrogeant sur l’attitude de l’avocat, lorsque celui-ci contribue à éviter une condamnation à son client quand bien même sa responsabilité serait engagée, c’est avec un ton calme, mais ferme qu’il nous répond : « Quel que soit le dossier que l’avocat reçois, son travail et son ambition c’est d’essayer de faire voir à celui qui a la charge de juger, les aspects de l’affaire qui arrangent son client ». Puis de poursuivre sur une note caricaturale et teintée d’humour « si les éléments du dossier permettent au client de tout nier, vous lui direz, voilà la situation vous pouvez tout nier quand bien même reconnaissant son tort. Si les éléments du dossier sont si accablants, il faut éviter des contestations. L’intérêt c’est de convaincre celui qui est en face, le juge ». Toutefois quelle que soit l’attitude observée, l’avocat court le risque de ne pas percevoir ces émoluments. « Ici au Burkina Faso, l’avocat qui va se spécialiser dans le recouvrement des impayés d’honoraires d’avocat sera le plus riche » estime-t-il.
Pour Me WILLY, le plus important pour l’avocat et son mérite y réside, c’est le traitement diligent qu’il accorde à son dossier. Toute chose qui semble forger professionnellement l’homme qui allie polyvalence, détermination, persévérance, rigueur mais aussi bienveillance à l’égard de ceux qui aspirent à devenir avocat. Ceux-là même à qui il recommande de développer trois qualités pour y parvenir : travail, discipline et volonté.
Roseline SOMA